résistants sédentaires

Jean Pelletier et Odette Mignot se sont mariés le 8 juin 1933. Jean est né le 26 octobre 1910 à Flacy, dans le canton de Villeneuve l'Archevêque. Odette Mignot est née le 26 novembre 1914 à Bérulle, dans l'Aube. Tous deux sont issus d'un milieu populaire : le père de Jean avait dû, à la suite d'une blessure de guerre, abandonner son métier d'artisan pour devenir ouvrier dans la bonneterie ; celui d'Odette était bûcheron. Odette et sa mère travaillaient elles aussi dans la bonneterie.

            Le couple s'installe à Sens en juillet 1933. Odette est vendeuse à Prisunic, Jean est employé au Service des eaux de la ville de Paris où il travaille comme maçon. Tous deux sont des militants de gauche : ils adhèrent au mouvement Amsterdam-Pleyel puis à la SFIO, au sein de laquelle ils militent à l'aile gauche (tendance Zyromski). Ils participent tous deux aux grèves de 1936 et aux actions de solidarité à l'égard des républicains espagnols.

            Jean Pelletier est mobilisé une première fois en 1938, au moment de la crise tchécoslovaque, puis de nouveau en 1939. Il tombe malade, est réformé le 26 octobre 1939 et regagne son domicile. Après un exode qui les conduit à Guéret, Jean et Odette Pelletier regagnent Sens.

            Au cours de l'année 1942, ils cherchent un contact avec une organisation de résistance. Jean Pelletier rencontre deux fois le docteur Ragot, mais en vain. En juillet 1943 ils reçoivent la visite de Gilbert Praz, ami de Jean et lui aussi militant socialiste, accompagné de Raymond Mare. Tous deux sont en relation avec l'état-major départemental FTP et s'efforcent de constituer des groupes de sédentaires. Les époux Pelletier acceptent de rentrer dans les FTP. Ils ne signeront leur engagement qu'en janvier 1944.

            Leur action au sein de la résistance comporte trois aspects :

- Jean Pelletier est membre d'un groupe de sédentaires FTP, le groupe Emilien Jacquin, de Sens. Il participe à plusieurs sabotages en particulier ceux de la voie ferrée Sens-Troyes le 15 février et le 7 mars 1944 en compagnie de Gilbert Praz et d'André Machavoine, ainsi qu'à l'attaque d'un garage allemand le 15 avril 1944 avec Raymond Mare.

- Odette Pelletier devient le 1er juin 1944 agent de liaison pour l'état-major départemental des FTP, sur le secteur de Sens-Saint-Florentin. Elle quitte son emploi à Prisunic et sillonne les routes du nord du département avec sa bicyclette.

- Leur appartement, rue Chamfeuillard à Sens sert à héberger de nombreux responsables locaux ou nationaux pour une ou plusieurs nuits. Une cache d'armes y avait également été aménagée.

            A la Libération Odette doit surmonter une dépression nerveuse consécutive à la mort de ses deux frères en déportation. En 1949, elle quitte Prisunic et devient gérante d'une petite épicerie-café à Theil-sur-Vanne, à une douzaine de kilomètres de Sens. Les époux Pelletier s'installent ensuite à Sens, Odette tient un café, Jean a conservé son emploi à la ville de Paris et se passionne pour son activité d'entraîneur d'un club de football. En 1965, ils prennent leur retraite et s'installent à Aix-en-Othe, dans leur région natale, avant de revenir vivre à Sens.

Odette Pelletier est décédée le 5 octobre 2008.

 

Sources : Témoignage de Jean et Odette Pelletier (1994). Témoignage d’André Machavoine (1994). Témoignage de Robert Loffroy (1994). Drogland Joël, Histoire de la Résistance sénonaise, Auxerre, ARORY, 2ème édit. 1998, 258 p.

 

 

 

Joël Drogland

© Arory  •  Site réalisé par Thierry Roussel - Creacteurs Studio