Membre du Service national maquis

Raymond Thomasset est né le 9 mai 1923 dans la Meuse, près du dernier fort de la ligne Maginot. Son origine familiale le marque doublement : un père ouvrier, délégué de la CGT, des grands parents catholiques pratiquants. Il a vécu toute son enfance dans une atmosphère germanophobe, la région a été très marquée par l’occupation de 1914 à 1918. Enfin la proximité de la ligne Maginot provoque une forte présence militaire. Il dit avoir été, pour toutes ces raisons, préparé à la résistance : «  Je n’ai pas de mérite ».

 L’Exode est un moment décisif. La famille quitte la Meuse et arrive à Auxerre au début de juin 1940 après deux semaines de fuite devant l’armée ennemie ; ce trajet le marque définitivement, confirmant sa haine des Allemands. Il a 17 ans et demi.

Il trouve du travail à l’usine d’Augy ; il entre en contact pendant ses sorties en ville avec des jeunes de son âge, en particulier des élèves du lycée Jacques Amyot. Ce groupe se désigne sous l’appellation étonnante de Jeunes gardes de l’empire français dés l’automne 1940.

Le groupe agit dans plusieurs domaines : la récupération d’armes, les tickets d’alimentation (Raymond Thomasset est employé par la mairie d’Auxerre à la distribution des tickets, au passage Soufflot), la fabrication de faux papiers (grâce à Jean-Paul Allard employé à la préfecture).

En 1943, Raymond Thomasset échappe à l’arrestation et passe à la clandestinité, avec plusieurs membres du groupe. Il s’installe en Puisaye où il trouve des caches. Les paysans les accueillent, les embauchent, à condition de leur fournir des tickets d’alimentation. Ils obtiennent des soutiens de médecins, d’un vétérinaire, et de bien d’autres. Dans leur groupe se trouve le fils du docteur Seguin, Charles. Raymond Thomasset s’engage donc très logiquement dans le mouvement Résistance, très implanté en Puisaye.

Le mouvement Résistance ayant été démantelé par des arrestations à l’automne 1943, Raymond Thomasset et ses camarades sont dans une situation difficile pendant plusieurs mois, sans contacts, se déplaçant souvent d’une cache à une autre. Une aide leur est particulièrement précieuse, celle du restaurateur de Toucy, Picard.

      En avril 1944, l’implantation du Service national maquis, qui prend pour une large part la suite de Résistance en Puisaye, permet à Raymond Thomasset et à ses camarades de trouver une structure qui les encadre, les forme et les arme (un parachutage qui ne leur était pas destiné tombe dans le secteur de Saint-Sauveur et leur apporte une quantité importante d’armes). Le Maquis 3 est constitué. Raymond Thomasset devient l’adjoint d’André Cagnat, chargé plus particulièrement des activités militaires, et participe à toutes les actions et à tous les combats de cet important maquis, en particulier à celui du Bois-Blanc le 3 juillet, et à celui de Treigny, le 9 août. Le Maquis 3 prend une part active à la libération de la Puisaye dans les jours qui suivent et entre à Auxerre le 24 août.

      A la Libération, Raymond Thomasset est capitaine FFI. Il participe aux actions du 4ème régiment d’infanterie dans l’est de la France, puis en Allemagne. Il accepte l’offre de de Lattre de s’engager dans l’armée, sans conserver le grade de capitaine. N’ayant pas de métier, il voit dans cette offre une opportunité. Après une période de formation, il fera carrière à la Légion étrangère.

Ensuite, ayant définitivement adopté la Puisaye, devenu chef d’entreprise, il participe activement à la politique d’aménagement de cette région, avant de prendre sa retraite à Saint-Georges-sur-Baulches près d’Auxerre.

 

Sources : AN, 72 AJ 208. Témoignage de Raymond Thomasset (1995)

 

Jean Rolley

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