Quand Robert Loffroy approche de Brienon en fin de matinée, il doit franchir deux barrages de contrôle allemand. « Je continuais ma route sous un soleil printanier. Je voyais soudain arriver une longue colonne de voitures et de camions de l’armée allemande. Au milieu de la colonne roulait un autocar occupé par des civils. Intrigué et vaguement inquiet, j’arrivais à Brienon. L’atmosphère était pesante. Personne dans les rues. Partout un silence impressionnant (…) Entre le pont de l’Armançon et le marché, au milieu de la rue, des douilles de mitraillette brillaient au soleil. Une rafale avait été tirée en cet endroit. »
Les otages de Brienon furent libérés le 22 juin de la prison d’Auxerre et revinrent en groupe à Brienon, à l’exception d’Emile Blondeau et de Firmin Souyri qui moururent en déportation et de Guy Lemeux qui en revint en avril 1945.
L’après-midi le maquis est attaqué. Il s’agit d’une opération combinée entre le corps franc de lutte contre le « terrorisme » et les forces allemandes. Au début de l’après-midi, Ferruccio Ricco (« Jacques »), adjoint au Commissaire technique régional au sein de l’état-major départemental des FTP arrive au maquis où il apporte un chargement de cartouches. Il découvre deux cars de la Wehrmacht et un car français bleu (ayant transporté des GMR ou des hommes du Peloton mobile de gendarmerie) qui stationnent en bordure du bois, sans personne à l’intérieur. Il se précipite au maquis en faisant un long détour. Il constate en arrivant que les maquisards s’apprêtent à évacuer dans le plus grand désordre, après qu’une sentinelle eut donné l’alerte en tirant un coup de feu en direction d’un Allemand qui progresse dans sa direction. F. Ricco se substitue à André Bruchard et prend la direction des opérations. Sous ses ordres et ceux de Michel Potapov, le repli du maquis s’effectue dans de bonnes conditions à travers la forêt d’Othe. Une longue marche sous bois conduit les maquisards le soir à la ferme des Rondeaux, près d’Arces. Durant la nuit la ferme est attaquée par le « maquis » constitué par Buton (« le Chouan ») qui pratiquait le pillage.
Le 21 mai, Gabriel Charpentier, maire de Bellechaume, Jules Charpentier son fils, maire de Paroy-en-Othe et Emile Soufflot, maire de Bussy-en-Othe sont arrêtés et emprisonnés « afin d’être interrogés sur l’affaire ayant trait à la découverte des emplacements occupés par les terroristes sur les communes de Paroy et de Bellechaume ». Ils sont relâchés le 24 et le 30 mai.
Après avoir subi une nouvelle attaque le 3 juin 1944 à Héry, les rescapés des groupes Victoire et Liberté gagnent la ferme de Léon Hauer aux Granges Bertin près des Bordes puis les bois de la Potence, au nord-ouest d’Arces, où ils vont intégrer la 1ère compagnie FTP Rouget de Lisle en formation.
Sources : ADY, 1 W 152 (signalements reçus des arrestations opérées par les autorités d'occupation, 1944), 1 W 155 (fiches individuelles de renseignements sur les Français arrêtés par les autorités d'occupation) et 1 W 157 (répertoire des arrestations opérées par les autorités d'occupation).Témoignage de Robert Loffroy (1997). Témoignage de Ferruccio Ricco (2001). Loffroy Robert, Souvenirs de guerre, manuscrit inédit.
Joël Drogland.