On ne sait quelle a été la teneur des entretiens qui ont suivi et les réponses apportées aux manifestantes avallonnaises. Après un exposé technique sur la situation alarmante du ravitaillement, Maurice Vincent insiste sur la nécessité de l'améliorer rapidement et de faire disparaître les différents régimes existants entre les villes d'un même département. L'autorité de l'Etat français ayant été bafouée, M. Vincent revient sur les consignes policières données à cette occasion et sur le rappel au maire de l'interdiction des attroupements de plus de trois individus. Il fait également le lien entre ces manifestations et le relâchement de la pression allemande : « Il est néanmoins curieux de constater que, tant que la puissance occupante s'est trouvée en force à Avallon, aucun mouvement de rues ne s'est produit et que, quelques semaines après la suppression de la Kreiskommandantur, des mouvements de cet ordre puissent avoir lieu. » Curieux aveu d'impuissance et de subordination du régime de Vichy… M. Vincent s'inquiète en effet de la brusque détérioration du climat social et demande alors au commissaire Cloiseau « de se livrer à une enquête sur l'attitude de certains éléments douteux (non cités), en vue de rechercher si, à la base de ce mouvement, il n'y aurait pas un début d'agitation politique ».
Les difficultés de ravitaillement ne poussent certes pas directement les habitants vers une résistance active mais contribuent à détourner progressivement la population d'un soutien que d'aucuns pensaient indéfectible au régime du maréchal Pétain.
Sources : Archives départementales de l’Yonne, 119 W 19405 (sous-préfecture d’Avallon).
Michel Baudot.