Maurice Pandolfi est né le 20 juillet 1904 à Paris, dans le 18ème arrondissement. Chef de section du Parti populaire français (PPF) puis milicien, c’est un collaborationniste dangereux. Il est propriétaire d’une exploitation agricole, la ferme de Beauregard, près de Joigny, sur la route de Dixmont. Surnommé « Gueule en or » à cause de ses dents couronnées, il s’est particulièrement illustré par son activité contre la Résistance dans le Jovinien. Pandolfi a été à l’origine de nombreuses arrestations dont celle de Paul Genty, concierge à la mairie de Joigny, qui avait sauvé un dépôt d’armes constitué par Irène Chiot. Robert Loffroy affirme que cet individu « symbolisait tout ce que la collaboration avec les Allemands avait d’odieux et de sordide… ».
Selon les témoignages de maquisards du maquis Vauban recueillis beaucoup plus tard par Robert Loffroy, ceux-ci avaient reçu mission d’éliminer Pandolfi. L’opération, le 10 mai 1943 au soir aurait échoué ; mais, sur le chemin du retour les gars du Vauban abattent un soldat allemand qui circulait en vélo sur la route de Joigny à Dixmont. Même si des questions subsistent quant au déroulement exact des événements et sur les auteurs de l’agression contre Pandolfi, il ne fait pas de doute qu’il s’agisse du premier soldat allemand abattu dans l’Yonne par des résistants.
Le 15 janvier 1944, un autre groupe FTP commandé par Maurice Sellier (« Michel »), placé sous la protection du groupe Minard de la Fourchotte décide d’en finir avec le collaborateur jovinien. Le groupe se poste sur la route de Dixmont, à environ un kilomètre de la ferme de Beauregard. Vers 9h 15, Pandolfi arrive, au volant de sa camionnette, accompagné d’un de ses ouvriers, Pierre Dupallut. Fernand Ricco fait partie de l’expédition et raconte : « Le groupe laissa passer à nouveau la voiture ! C’est alors que « Michel », un genou à terre au milieu de la route, tira à la mitraillette et abattit Pandolfi. Un jeune garçon qui se trouvait à ses côtés sortit de la voiture et s’enfuit à toutes jambes malgré les appels du groupe. « Michel » récupéra le Lüger 9 mm tout neuf du collabo ». Un rapport de gendarmerie précise que Pandolfi, sans doute grièvement blessé par la rafale de mitraillette a ensuite été achevé sur son siège par plusieurs coups de feu tirés à bout portant dans la tête avec sa propre arme.