Seconde vague d’arrestations dans le canton d’Ancy-le-Franc, le 18 novembre 1943
La seconde vague est pilotée par les Allemands et a lieu essentiellement le 18 novembre dans le canton d’Ancy-le-Franc. Quinze personnes sont appréhendées : l’épicier Henri Levon, l’employé SNCF Robert Roguier et Augustine Portmann à Ravières, les cultivateurs René et Henriette Paquot et leur fils Roger, le retraité Marius Deplaigne ainsi que le clerc de notaire Huguette Babielle à Sennevoy, les boulangers René Louis et Marcel Labille à Ancy-le-Franc, le cultivateur Jean Imbert à Argenteuil, le chimiste Firmin Semblat à l’usine de Frangey, Germaine Quillaut, le contremaître Louis Lenief et le chef de laboratoire Gaston Corbet à Argentenay et le garçon coiffeur René Imbert à Tonnerre. Le 20 novembre Gaston Babielle est arrêté à Ravières pour une confrontation avec sa fille. Au même moment la Feldgendarmerie d’Avallon procède à quatre arrestations à Vézelay. Des perquisitions ont eu lieu et certains résistants ont échappé au danger. Roger Pacot a été arrêté à la place de son frère Paul et de ses amis du maquis Vauban, René Imbert l’a été pour son frère réfractaire tandis que Gaston Corbet, qui a certainement été pris pour Jean Corbet, est relâché le jour même. Les Allemands reviendront. Le 18 novembre au soir 23 personnes passent la nuit au quartier allemand de la prison d’Auxerre avant d’être conduites à la prison de Fresnes, à l’exception de Paul Paquot, d’Henri Levon, et de Huguette Babielle. Le coup de filet se poursuit quelques jours plus tard à Saint-Rémy-lès-Montbard où sont arrêtés quatre membres de la famille du chef de la Flèche noire, René Garnier. Il s’agit de ses parents, Georges et Marie-Jeanne, de son jeune frère Albert et de son beau-frère Georges Vincenot. Sa fiancée Gisèle Chartraire est arrêtée à Paris.
Troisième vague d’arrestations, les 24 et 25 novembre 1943
Le 24 novembre la Feldgendarmerie arrête quatre jeunes gens à Chichée, Camille Collet, Guy Pinon, Robert Picq et Roland Breton qui étaient en relation avec les sédentaires de Chablis. La police allemande procède la dernière vague d’arrestations de novembre. Une vingtaine de personnes sont arrêtées : le couple Michel et Jeanne Berthaut, marchands de vin et le boulanger Camille Laureau à Aisy-sur-Armançon, le débitant de boisson Adolphe Vitron et le cultivateur Paul Bourgeois à Etivey, le garagiste de Cusy Gino Manganelli, l’épouse du docteur André Plait à Ancy-le-Franc, le maire d’Argenteuil Charles Pascal, le directeur de l’usine de Frangey Pierre Gerfanion à Lézinnes, Jean Corbet à Argentenay. Le lendemain 25, le secrétaire de mairie Lucien Girandin, le boulanger Aimé Meunier et Solange Geugnot sont arrêtés à Noyers tandis que les cultivateurs Jean Grégor et René Paris le sont à Moulins-en-Tonnerrois. Puis c’est le tour de Châtel-Gérard où la débitante de boissons Marie-Louise Anquet, la cultivatrice Alfrédine Trameau et ses deux réfractaires sont arrêtés.
Les infiltrations et les dénonciations ont permis d’arrêter des résistants mais aussi beaucoup de sédentaires qui aident les maquis. Le nombre total des arrestations est probablement supérieur à cette énumération et reste difficile à déterminer car les autorités allemandes ne rendaient pas compte de leurs rafles. De plus les arrestations ne cessèrent jamais vraiment. Le 3 et le 4 décembre les Allemands revenaient arrêter ceux qu’ils avaient manqués, comme Paul Pacot de Sennevoy. La plupart de ces personnes furent transférées rapidement à Paris et soumises à l’interrogatoire de Bonny et Laffont de la rue Lauriston, siège de la Gestapo française à Paris. Il n’y eut pas de jugement. Certains sont restés à Fresnes comme René Imbert, qui en sera libéré le 17 juin 1944, d’autres sont envoyés en déportation. Les parents de René Garnier meurent à Bergen-Belsen et Ravensbrück, dont sa fiancée revient. Jean Grégor, René Labille et Firmin Semblat reviennent de Neuengamme.
Sources : ADY, 1 W 29, 1 W 103, 149 W 22 844, 1158 W. Le Bourguignon, 5, 9, 14, 16, 30 novembre et 10 décembre 1943. Témoignages de René Garnier et Gisèle Chartraire, sa future épouse (2002). Témoignage de Lucette Semblat, belle-fille de Firmin Semblat (2003).
Frédéric Gand