La propagande allemande sous l'Occupation

Affiche diffusée en France après juin 1940 par les Allemands

L’implantation des forces d’occupation dans l’Yonne

 

            Les troupes allemandes envahissent le département de l’Yonne entre le 14 et le 16 juin 1940. Immédiatement se met en place une occupation militaire qui va durer un peu plus de quatre ans.

            Le département de l’Yonne se trouvant en zone Nord, c’est la Wehrmacht qui met en place les structures de l’occupation. L’administration militaire allemande est calquée sur la géographie administrative de la France. L’Yonne étant depuis 1928 divisée en trois arrondissements, ce sont trois Kreiskommandanturen qui se mettent d’abord en place à Auxerre, Avallon et Sens. Au début de 1942 les Kreiskommandanturen d’Avallon et de Sens sont supprimées et remplacées par des annexes de la Feldkommandantur 745 installée à Auxerre. Le Feldkommandant (qui a le grade de lieutenant-colonel) dispose dans le département du pouvoir militaire, politique, administratif, policier et judiciaire. Le préfet de l’Yonne ainsi que les sous-préfets d’Avallon et de Sens doivent avoir avec lui les relations qu’imposent la collaboration d’Etat.

            L’occupation allemande nécessite la présence de nombreux services administratifs qui dépendent de la Feldkommandantur et qui sont installés à Auxerre. Elle requiert également la présence de troupes d’occupation cantonnées dans le département ainsi que l’implantation des organismes policiers du Reich nazi.

            Nous sommes très mal renseignés sur l’implantation des forces militaires, faute d’avoir connaissance des sources allemandes qui nous le permettraient. Nous devons donc nous limiter à quelques observations. Il existe des troupes stationnées dans le département à titre définitif et des troupes en campagne qui s’arrêtent quelque temps avant de repartir.

Les troupes permanentes semblent assez peu nombreuses ; leurs effectifs diminuent à partir de la fin de 1941 ou du début de 1942 ; il s’agit de petits détachements urbains. Tous les témoignages s’accordent sur le fait que la présence de l’armée allemande dans les campagnes est faible. Or l’Yonne est un département essentiellement rural. De vastes secteurs du département restent donc à l’écart de la présence réelle de l’occupant, en dehors de deux occasions très différentes : le commerce (le premier soldat allemand tué dans le département le 10 mai 1943 venait d’aller acheter des œufs), et les attaques de maquis qui mobilisent d’importants effectifs durant l’été 1944.

            Fréquemment des troupes traversent le département et cantonnent de façon temporaire. Ce fait prend une importance croissante au printemps, et plus encore durant l’été 1944. Ce sont ces troupes qui souvent sont utilisées pour attaquer les maquis, ainsi que des troupes cantonnées en grande partie à l’extérieur du département. Il s’agit généralement de Russes blancs, ou de soldats non-allemands, baltes ou ukrainiens.

            Les troupes de passage ont leur propre Feldgendarmerie qui se charge si nécessaire de missions pour le compte de la Feldkommandantur. Les Allemands ont aussi leur propre police des trains et des gares.

            Il nous est par contre possible de présenter les polices allemandes qui surveillent la population du département et luttent contre la Résistance.

            La principale structure policière d’occupation dans le département est la Feldgendarmerie. Il s’agit d’un élément de la Wehrmacht, implanté à Auxerre, Sens, Avallon, Joigny, Tonnerre et peut-être dans d’autres localités. Son effectif ne dépasse pas 150 à 200 hommes pour tout le département ; elle est à la disposition du Feldkommandant pour les tâches de répression.

            C’est la Gestapo qui a cependant laissé dans les mémoires les traces les plus profondes. Commandée par le SS Karl Haas installé à Auxerre au printemps 1942, elle lutte contre la Résistance, arrête, interroge, torture et exécute. Elle utilise un réseau d’indicateurs français et quelques hommes de main qui combattent la Résistance au printemps et à l’été 1944.

            On connaît beaucoup moins bien l’Abwehr, service d’espionnage de la Wehrmacht. Les troupes stationnées à titre permanent et les troupes en campagne ont des états-majors auxquels sont attachés des officiers de sécurité (Abwehroffiziere). L’Abwehroffizier est l’officier de police de la formation, chargé d’examiner les questions concernant la sécurité de sa formation et d’assurer la liaison avec les services officiels de police. Il est responsable des questions d’espionnage militaire et c’est lui qui doit prendre connaissance des lettres de dénonciation que la Feldkommandantur reçoit et qu’elle doit lui transmettre.

L’Abwehr s’est montrée efficace dans la lutte contre la Résistance icaunaise en parvenant à infiltrer le réseau Jean-Marie Buckmaster d‘une part, l’état-major départemental FFI d’autre part avec ses agents allemands (Hugo Bleicher) et français (Roger Bardet et Henri Dupré). Ces hommes ne semblent pas avoir eu de relations avec les autorités allemandes départementales. Bleicher devait prendre ses ordres à Paris.

 

Sources : ADY, 1222 W 1 et 1222 W 50  (en particulier un rapport dactylographié de dix pages, rédigé par Grechen qui était durant l’Occupation interprète à la Kommandantur et daté du 23 janvier 1945).

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